Que paie-t-on quand on achète le journal (ou une oeuvre de l'esprit)? Le contenu? Sans doute pas, suggère Paul Graham (cité par Jeff Jarvis)
"En réalité, les consommateurs n'ont jamais réellement payé pour le contenu (d'une oeuvre ou d'un journal). Si ce qu'on vendait était le contenu, pourquoi le prix, d'un livre, d'une oeuvre ou d'un film dépend principalement du format de l'oeuvre? Pourquoi un meilleur contenu ne coûte-t-il pas plus cher?
Un exemplaire de Time magazine coûte $5 pour 58 pages, soit 8.6 cents par page. The Economist coûte $7 pour 86 pages, 8.1 cents a page. Le meilleur journalisme est donc un peu moins cher."
Commentaires
Mais si on achète le Canard, c'est bien pour son contenu...
@Hervé,
D'accord. Mais si on le paie, c'est aussi en raison de son contenant!
Et si on en tenait plus compte, de ça?
La "valeur" du contenu d'un journal ou autre n'est-elle pas subjective ?
Je peux acheter Le Figaro et trouver que le contenu est bon, et celui qui lira Libération pourra trouver ce même contenu mauvais.
Après, c'est une histoire de renommée.
@Guillaume,
Tu as raison. Je crois que c'est la limite de l'argumentation de M. Graham. Il dit que The Economist est meilleur que Time. C'est assez juste, objectivement (infos plus fouillées, articles plus longs). Mais, subjectivement c'est discutable. Et Time est peut-être plus fin dans son analyse des phénomènes de société.
@Eric
c'est exactement ce que je voulais dire, c'est une valeur subjective, toute proportion gardée.
La différence est si minime qu'elle ne mériterait même pas d'être érigée en argument sur la valeur d'un titre, d'autant que le prix peut changer ou avoir changé à la suite de facteurs extérieurs (hausse du prix du papier) ou intérieurs (manque de trésorerie ou d'autofinancement pour de nouveaux projets). C'est une argumentation particulièrement spécieuse et pour tout dire profondément malhonnête.
Je crois avoir lu que cela fait plus d'un siècle que le prix payé par le lecteur d'un journal n'est plus qu'une fraction négligeable du cout de fabrication du journal, le reste est payé par les annonceurs (qui le font payer in fine aux lecteurs/consommateurs).
Durant toute la vague de critique des "gratuits" les journalistes bien pensant se sont bien garder de publier la source principal de financement des "payants" ...
C'est idiot comme raisonnement. On achète des aliments pour se nourrir, et pourtant leur prix ne dépend pas de leur valeur nutritive ou des calories qu'ils contiennent. C'est une affaire de goûts, de couleurs, de marques... Où Jarvis va-t-il chercher de telles inepties ???
Valeur d'usage, valeur d'échange... vaste et vieux débat ! ;-)
Et si on raisonnait par l'absurde ? Un journal gratuit de 40 pages coût 0.-. Donc, 0.- la page. Alors, il ne vaut vraiment rien... C'est quasiment 'pataphysique !
Et, au fait, est-ce la "page" est la bonne unité de mesure ? Pourquoi pas le cm2 de papier, ou la phrase, le mot… voire le caractère ?
Cela dit, j'achète mes journaux pour le contenu avant tout, même si je ne dédaigne pas une mise en page attrayante. Il en va sûrement de même de la plupart des gens. Mais évidemment, comme c'est souligné ici, le travail de rédaction ne constituera qu'une partie limitée de la valeur ajoutée comptable du produit final. Et dans un tableau de Van Gogh, combien valent les tubes de peinture utilisés ? ;-)
@Xavier,
Je te soupçonne d'avoir mal digéré l'article de Jarvis! L'argumentation est discutable, mais permet de changer le point de vue sur la question.
Par ailleurs, je n'ai repris qu'une partie de l'article: l'argumentation est plus complexe.
@Laurent,
Donc, c'est que l'Express est d'un prix exorbitant comparé au Canard enchainé!
@Dani,
Oui, la valeur et le coût sont aléatoires.
Au fond, les raisons qui poussent à acheter un journal sont subjectives et "sociales", par exemple il y a le désir de se montrer avec le journal. Tout cela n'est pas clair.
Se montrer avec La Croix ce n'est pas la même chose que se montrer avec L'Humanité...C'est une histoire de contenu, pas de contenant (encore que...)
@Eric :
Il y a aussi le désir de NE PAS se montrer avec un journal.. Je ramasse les gratuits de ma région (pour les critiquer sur mon blog, et accessoirement suivre un peu ce que lisent mes étudiants et élèves...)... mais je me dépêche de les cacher dans mon sac !!!! (si quelqu'un me voyait.... ah ah ah !)
Pour le reste, je ne pense pas le coût soit "aléatoire" (un aléa, où ça ?). Non, je dirais plutôt que le prix (coût + marge) est multifactoriel... et qu'il est pas évident de recenser tous ces facteurs.
@Dani,
"multifactoriel" est bien le mot. Les financiers ont leur avis sur la question (voir le billet sur le Parisien: apparemment les financiers ont eu leur mot à dire).
H-S : vu que tu ne followes plus (pas grave):
d'accord sur l'utilisation abusive de l'anglais.
La recherche du business model de la presse et de l'information commence sérieusement à prendre une tournure ésotérique.
Mais il reste encore bien des axes d'analyse : l'approche Feng Shui (les bureaux des journalistes sont-ils orientés au nord ?), écolo zen (un tri sélectif est-il réalisé dans ces mêmes bureaux), etc.
Bon, il y a d'autres paramètres interdépendants comme le prévisionnel des revenus (ventilation des sources : ventes directes, abonnement, publicités, PA), les réalités du marché, le taux de pénétration, le prix psychologique en fonction de la cible...
Un journal papier se vend en lot. Le prix de la page n'a de sens que pour l'annonceur et le traffic manager. Le reste n'est que discussion du café du commerce.
Il est effrayant de constater que l'on en est là !!!
Ceci dit, pour délirante qu'elle soit, cette phrase a lancé un débat des plus intéressants et divertissants ツ (...même s'il ne fait pas avancer le schmilblick).
Dani évoque la valeur d'usage, qui est différente en temps de pénurie / de profusion.
La valeur d'un article / journal papier dépend (entre autres) :
- du nombre de nos sources d'information
- de la confrontation entre nos convictions et ces mêmes sources
- du rythme auquel nous souhaitons être informés
Financièrement, le coût d'achat d'un ou plusieurs journaux -même quotidiennement- ne vient pas fondamentalement gréver le budget moyen.
Ce qui change aujourd'hui est que nous sommes dans une période de profusion quantitative de l'offre informationnelle.
Si un titre veut se différencier, il doit forcément travailler sur la qualité, dans laquelle entre également la "mise en page attrayante" pour re-citer Dani.
Etymologiquement, informare ne signifie-t-il pas "mettre en forme" ?
@Jean-Pierre,
"Ce qui change aujourd'hui est que nous sommes dans une période de profusion quantitative de l'offre informationnelle."
Oui, dans une "économie de l'abondance", les critères sont différents.
Le critère de qualité de l'information entre en premier.
Et, bien sûr la distinction entre le fond et la forme ne compte pas. C'est un peu la conclusion que je tire des échanges sur Twitter. On ne paie pas pour le contenu, on ne paie pas pour le contenant non plus.
La distinction entre contenu et contenant n'a pas trop de sens.
C'est sans doute ce qui explique que la prhase citée dans cet article a déclenché autant de réactions.