Je voulais revenir, très vite, sur le traitement journalistique de l'interview du chef de l'Etat.
Hier soir, je commentais chez Sarkofrance qui parlait du brushing de Guy Lagache, un des journalistes. "Les journalistes ont été nuls", pour résumer l'article.
Le SNJ-CGT est un peu du même avis. La profession de journaliste ne sort pas grandie de l'exercice, selon le syndicat. (Nouvel Obs)
Vogelsong a vu un spectacle "paresseux".
Philippe Bilger compare les journalistes à un mur sur lequel le président s'entraine à jouer au tennis. Il se demande si le problème de ces journalistes ne serait pas une "compétence trop relative pour autoriser une véritable vigueur intellectuelle".
Mais laissons la parole à Coluche:
"Et puis alors t'as la télévision. Alors le mec y rentre du boulot. Le soir à 8 heures c'est les informations. Clac ! T'as les mecs qui arrivent là avec des tronches de premier de la classe comme c'est pas permis, tu vois ?
Bonjour Brushing. Enchanté, moi c'est Brushing ! Bon.
Alors les mecs ils te disent les informations. Parce qu'ils ce disent :
"On va leur dire les informations, c'qui s'est passé, un p'tit peu pour qu'ils soient au courant."
Alors voilà ce qu'ils disent...
Les gens disent que j'dis que des conneries, alors là j'ai noté ! Maintenant je vais dire les leur. Alors voilà... Informations hein... A la télé... 8 heures... Tronches de premier de la classe, rillettes sous les bras hein !" (Coluche _ Et puis y'a la télé)
Commentaires
Ce ne sont pas des journalistes, juste des présentateurs ! :-))
J'étais surpris parce que dans l'émission dont je n'ai vu que le début, il y a eu deux essais de la part de Lagache et de Pujadas pour "pousser" un tout petit peu le président dans ses bêtises orales. Les deux se font tacler assez sottement et laissent tomber aussitôt, leurs commègues présents ne manifestant aucune solidarité…
:-))
C'est amusant, car finalement, ce problème sur la qualité/l'apprance des journalistes qui insupporte les gens est symbolique de l'impasse économique-sociale-environnementale-spirituelle dans laquelle nous sommes plongés.
Evidemment, ces journalistes sont lisses, permanentés, fades et inintéressants : c'est ce que la télévision et ses impératifs commerciaux demande !
Nous vivons dans un univers où plaire au plus grand nombre est une nécessité publicitaire. Il faut plaire au mari, à la femme, aux enfants, à la grand-mère et même au chien !
Et quand on veut plaire à tout le monde, à la fin on ne dit plus rien.
C'est le vide.
@Merlin,
C'est très juste ce que tu dis. On se conforme au modèle et c'est finalement ça qui rend les choses insupportables, le conformisme.
Hum... Journalistes ou non?
Monsieur Poireau a sans doute raison de parler de présentation plutôt que de véritable travail journalistique.
Il y a de plus en plus une confusion des genres avec la nomination de la journaliste du Point Catherine Pégard, du journaliste de Nice Matin Georges-Marc Benamou et de la journaliste du Figaro Myriam Lévy à l'Elysée ou à Matignon.
Selon le SNJ-CGT, "les accusations de connivence, de journalisme de révérence, de liens de moins en moins cachés entre la caste politique et certains medias vont se renforcer dans l'opinion publique" et "la confusion des genres est devenue une pratique courante".
Quand je lis la définition sur Wikipédia, je reste songeur...
"Le journalisme est l'activité qui consiste à collecter, rassembler, vérifier et commenter des faits pour les porter à l'attention du public à travers les média."
Monsieur Poireau a raison, ce n'étaient pas des journalistes. Ils servaient de présentateur au discours de NS, et c'est toujours comme ça dans les interviews présidentielles (sous Chirac et Mitterand, c'était pareil).
Et c'est frustrant...
La référence coluchienne est divinement bonne. Bonne semaine
le Nouvel Obs mis en cause:
http://tempsreel.nouvelobs.com/speciales/medias/medias__pouvoirs/20090206.OBS3434/sarkozy_a_des_progres_a_faire_en_matiere_de_respect_du_.html?idfx=RSS_medias&xtor=RSS-30
Les "coulisses" de l'interview
http://www.dailymotion.com/video/k2smgfau4e5JiFWmA6
Le brushing est anecdotique, et le sketche de Coluche de l'époque ne visait pas à critiquer l'exercice de l'interview filmée mais la parole officielle rapportée (le fameux : "quand un journaliste, sur une info, il en sait pas plus que ça, il n'a qu'à fermer sa gueule !").
Là nous étions dans un exercice différent qui est : le Roi s'adresse au peuple et répond aux questions qu'il pose lui-même ou reformule quand elle n'est pas posée 'correctement'. Moi au centre, vous en face. Très gaullien.
Ce n'était pas tellement "face à la crise", mais plutôt "face à la caméra". Quelques annonces histoire de justifier l'exercice, mais au final ce fut inutile et long.
"Laurence Ferrari est une chargée de com qui a réussi", ai-je lu quelque part dernièrement. C'est tellement vrai! Les autres aussi? :D
@Enikao,
Oui, le brushing est un détail. Quoique...
Le brushing c'est la loi du paraitre. Et en remplaçant les journalistes par des jeunes femmes (et hommes) souriants, c'est le fond qui en pâti.
"le Roi s'adresse au peuple et répond aux questions qu'il pose lui-même ou reformule quand elle n'est pas posée 'correctement'"
Et sa réponse aux attentes des français face à la crise fut pourtant très coluchienne:
"Demandez moi ce dont vous n'avez pas besoin, je vous dirai comment vous en passer !"
Arf !
Zgur
@ Henri du blog énervé : quand on a rien à dire, alors la forme devient très importante. C'est vrai pour les journalistes, mais c'est tout aussi vrai pour la publicité, ou même pour les pojets de société.
Mais il ne faut pas jeter la pierre sur "les autres", car il me semble que toute la société fonctionne ainsi. Quelqu'un qui n'est pas assez lisse n'a aucune chance de touver un emploi de nos jours, les forts en gueules sont extrêments rares, d'ailleurs topute pensée un peu oblique est aussitôt poursuivie en justice !