Chaque jour, vous êtes bombardé par des centaines d'informations. Point besoin de les chercher: elles viennent à vous. C'est tout le brouhaha médiatique. Il change chaque jour. Sur Internet, ça change chaque heure, chaque minute.
Mais ce n'est pas ce qui vous intéresse. Ce n'est pas important. Qu'est-ce qu'une information importante? C'est une information importante pour moi.
L'information importante, celle qui vous concerne, elle est en vous. C'est ce regard intérieur tourné vers soi-même, ce temps d'arrêt, cette pause. Alors, pourquoi éprouve-t-on tellement besoin de se plonger dans les médias?
Commentaires
Denis Muzet, dans "La mal info" (2006) avance que le "consommateur de médias", que nous sommes tous devenus, a besoin d'être branché en permanence tout au long de la journée sur un fil d'info brève et rapide (radio, télé, journaux gratuits...), pour se rassurer avant tout, dans un monde que l'on perçoit comme plein de menaces (terrorisme, catastrophes climatiques ou sanitaires, etc.).
Pour comprendre et se forger une opinion, on se tourne vers d'autres médias, qui n'ont pas le même tempo : presse quotidienne, hebdo et magazine.
Peut-être parce que certaines informations entrent en résonance et nous permettent alors, au prix de la réflexion, d'extraire de nous-mêmes quelque chose qu'on ne savait pas forcément s'y trouver.
L'information importante, c'est d'abord celle dont on peut parler et qui semble exclusive, mais surtout celle qui nous permet d'être au centre de l'histoire. Je me souviens que le jour de la catastrophe d'un Airbus à Habsheim, j'avais vu arriver une dame très agitée au bureau de tabac de la gare pour demander des cigarettes avec précipitation et en commençant à raconter cet accident dont je venais d'apprendre l'existence par la radio. Elle dit alors : "Vous ne savez pas ce qui est arrivé ?" et elle fait comme si elle était sur place (elle y était sans doute, mais Habsheim était à vingt kilomètres de là et la première chose à laquelle elle a pensé a été de venir dans le lieu où elle était sûre de trouver du monde à qui raconter). Elle nous raconte l'explosion, les décombres et les victimes, et elle veut se faire prendre comme un témoin par les seuls gens disponibles (on était un dimanche, jour mort en Alsace s'il en est), puis je la vois se diriger vers le buffet de la gare, sans doute pour raconter encore une fois cette histoire à d'autres personnes qui n'auraient pas écouté la radio. Elle faisait sienne cette histoire, peut-être n'y avait-elle pas assisté, peut-être cela lui permettait-il de parler à d'autres personnes alors que sa vie est d'ordinaire sans aucun intérêt ou même est sinistre. L'information importante, c'est aussi ce qui permet à chacun de fictionaliser sa vie trop terne, médiocre, insipide.
"L'information importante, celle qui vous concerne, elle est en vous. C'est ce regard intérieur tourné vers soi-même, ce temps d'arrêt, cette pause."
tu que sais qu'c'est beau ce que tu nous dis là...la pentecôte t'inspire
mais là encore j'ai envie d'ergoter : "ce regard intérieur....cette pause" c'est de la méditation, pas de l'information ...cette pause ne m'informe pas, même pas sur moi-même, ni sur les autres
sinon c'est notre coté maso qui nous rend consommateur d'info , pour bien se rassurer sur le manque de sens de la vie et de la connerie humaine en général
finalement, l'expérience de l'abstinence est intéressante, au bout de 8 jours de déconnexion , on se rend compte que l'on vit mieux, on est moins angoissé, on jouit mieux de l'instant
Eh, je cherche killme (yeah), je m inquiète beaucoup (yeah bab') car je ne l ai pas vu depuis longtemps (baby yeah baby), il est peut être resté coincé (yeah) dans sa chaise (roll over baby) à cause de ses rhumatismes (baby) :)
Peut-être se tourne-t'on vers des médias qui sont plus confidentiels et diffusent des infos qui sont noyées dans vacarme médiatique...
L'information importante pour moi est celle qui donne envie d'en "discuter" avec d'autres.
Comme je suis "contrariant", je vais faire dans ce registre !
"L'information importante, celle qui vous concerne, elle est en vous. C'est ce regard intérieur tourné vers soi-même, ce temps d'arrêt, cette pause." Anne a raison de souligner que la phrase est bien tournée mais je ne comprends pas cette approche individualiste - on pourrait y voir de l'égoïsme - pour un sujet qui touche le collectif, sauf à penser que notre société ne fonctionne plus que comme cela, ce qui est hélas possible.
Il y a aussi un problème de fonctionnement de la démocratie. La presse et quelques autres institutions, fabricant de l'info, se sont emparés d'un pouvoir qu'ils usurpent, à savoir celui de la surveillance des gouvernants et se faire ainsi les représentants auto-désignés d'une opinion publique, qui il est vrai les laisse faire. C'est un problème très grave que ce désengagement des citoyens qui se donnent bonne conscience en demandant de faire le boulot à la presse à sa place.
Enfin je dirais que l'info qui ne m'intéresse pas c'est le commentaire par trop commenté de ce journaliste du Nouvel Obs mais que celle qui m'interesse est celle du passage de Besencenot chez Drucker car vrai signe des temps.
Actuellment les médias se mordent la queue. Z'ont écrit tout et n'importe quoi durant la campagne présidentielle, devenus des antennes qui se relaient l'info tout à tour, les gens s'en sont détournés. La pub prend trop de place sur leurs espaces (voir Le Monde.fr en ligne, des pop up à n'en plus finir).
Je préfère lire les infos sur les blogs où les thèmes sont plus approfondis, l'info pour l'info tue l'info.Voir Elkabach.
Le besoin de se plonger dans les médias vient de la nécessité de rechercher une info différente qui ne soit plus juste importante pour soit mais qui pourrait être importante pour tous !
Un vrai bol d'air, ce billet!
@Didier,
"Il y a aussi un problème de fonctionnement de la démocratie. La presse et quelques autres institutions, fabricant de l'info, se sont emparés d'un pouvoir qu'ils usurpent, à savoir celui de la surveillance des gouvernants et se faire ainsi les représentants auto-désignés d'une opinion publique, qui il est vrai les laisse faire. C'est un problème très grave que ce désengagement des citoyens qui se donnent bonne conscience en demandant de faire le boulot à la presse à sa place."
Juste. Mais les médias n'ont que le pouvoir qu'on leur prête; un pouvoir de convaincre, souvent assez faible.
Farid,
On sent le démocrate...