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Un journaliste qui en a croqué

Narvic se  présente comme un journaliste "qui en a croqué". Croqué, mais de quoi? Des voyages de presse et autres avantages en nature. Des friandises qu'il aurait dû s'abstenir de croquer...

J'avoue que son témoignage me met un peu mal à l'aise. Il dit qu'il va cracher dans la soupe et il le fait. Il nous brosse un tableau peu reluisant du métier de journaliste. C'est un peu gênant que ce témoignage soit anonyme. Certes, c'est la "magie du blog", cela permet de tout dire. A confronter avec d'autres témoignages.

(merci à François de m'avoir indiqué cette info)

La RAPT aimait trop les journalistes

Un autre journaliste, Augustin Scalbert, raconte autre chose. Selon lui, la RATP est très généreuse avec certains journalistes. "Des représentants de la régie ont aimablement offert aux journalistes présents une carte intégrale 5 zones. Un sésame valable un an et que le quidam paie un peu plus que le montant d'un smic mensuel net, soit 1062,60€."

Charte et déontologie
La charte du journaliste ne précise pas qu'on ne doive pas accepter des cadeaux. Mais la déontologie suppose qu'on s'abstienne...

Commentaires

  • Bonjour, merci du lien

    j'aurais trois réponses à vous faire ;-)

    - localiser les exemples que je donne permettrait immédiatement aux autres journaux et journalistes de prétendre qu'il ne s'agit que d'une exception et ils se dédouaneraient à bon compte. Or mon expérience personnelle m'amène précisément à affirmer au contraire que ces pratiques sont généralisées... (Les commentaires à l'article de Rue89 vont d'ailleurs dans le même sens).

    - dénoncer les dérives de corruption de la presse est nécessaire, mais qui d'autre que les journalistes est en mesure de le faire ? Comme le rappellent Cohen et Lévy dans leur dernier livre "Notre métier à mal tourné", on constate de telles dérives tout au long de l'histoire du journalisme, et certaines ont été bien plus graves que celles que je décris, mais en tout cas, jamais la presse n'est parvenue à en venir à bout elle-même par l'autorégulation. Contrairement à ce que bien des gens imaginent, il n'existe aucune instance de contrôle du respect de la déontologie des journalistes. Il n'y a donc jamais de sanction ! Il est peut-être temps que la profession s'attaque vraiment à cette question si elle veut restaurer une crédibilité bien entamée, non?

    - Mon témoignage n'est pas anonyme. Narvic est un pseudonyme ;-) Et le principal n'est-il pas d'ouvrir le débat ?

  • @Narvic,

    Merci de ton commentaire. Ma critique, concernant l'anonymat, vise moins la personne qui a recours à l'anonymat (partiel, tu le dis bien) que l'ensemble du système, qui oblige à ne parler que de façon semi clandestine.

    Cela n'ôte rien à l'intérêt de ton témoignage.

    Concernant la charte des journalistes, celle-ci me semble plutôt muette sur la question...

  • @Narvic >
    ceci ne m'étonne pas, mais dis toi que d'autres professions sont aussi corrompues, que font les visiteurs médicaux avec les médecins ? Cadeaux de tous genres, un doc à Montpellier m'avait avoué en 1996 qu'il lui manquait quelques prescriptions d'un vaccin polémique pour "gagner" un aller et retour aux Etats Unis !
    ça, ça m'a écoeurée, "la prescription intérêts", depuis, je suis très très méfiante vis à vis d'eux et de leurs prescriptions.Un fois mon mari et moi débutions un rhinopharyngite, on a eu les mêmes traitements, du coup, on a changé de médecin.

    Les commerciaux aussi innondent leurs clients de cadeaux, ça fait partie du métier. Et puis, regarde certains blogueurs buzzeurs, pourquoi croients tu qu'ils buzzent, c'est pas pour la gloire c'est pour décrocher des cadeaux, et non pour frimer sur les stats !

    Merci Eric d'avoir repéré cet article, ceci permettra aussi aux lecteurs de magazine de faire le tri entre les bons magazines, journaux et les "préformatés".Biz

  • Tu m'étonnes que les journalistes ralent tant les jours de grèves de la RATP ! Forcèment, s'ils ne peuvent user de leur passe, ça frustre ! :-)))

  • Je suis d'accord avec narvic, il a raison de voulori rester anonyme car ainsi il ne mouille personne d'autre.
    EN tant que journaliste d'un quotidien régional, lui aussi anonyme, je n'ai jamais rien vu de tel. Certes, nous avosn une rubrique tourisme qui consiste à aller faire un séjour cool et au retour d'écrire un article. Certes, certains journalistes reçoivent tous les cd ou dvd qu'ils veulent, et j'en connais même une qui les revend après sous le manteau, la garce. Ah, si, il existe des cinés où les journalistes peuvent entrer gratuitement, je l'ai fait quelques fois. Je n'ai pas l'impression pour autant d'être corrompu.

    Je compatis en revanche pour l'histoire de l'article sur l'expo : j'ai déjà fait un truc du style et je n'en étais pas fier, tout en n'étant absoluemtn pas libre de refuser. J'avais 21 ans, je sortais d'école et j'étais le nouveau. Donc le type envoyé sur ce genre de reportage à la con que les anciens refusent de faire. Super, comme entrée dans lemétier!

    Maisbon, pour le reste, en faire de grandes déductions sur le métier de journaliste me semble dangereux. Il n'y a pas de généralisaiotn à faire!

  • @ Le chaffouin
    La déontologie des journalistes américains leur demande de refuser tout cadeaux, de faire financer par le média lui-même tous les frais engagés pour un reportage (y compris les voyages!), et de payer leur place lorsqu'ils vont voir des spectacles (quitte à se faire rembourser par leur média si c'est dans un cadre professionnel). L'ensemble de la presse française ne me semble même pas vraiment admettre le bien fondé de ces règles anti "petite corruption".

    Sur le même principe, la charte des journalistes dit : "Un journaliste, digne de ce nom (...) ne touche pas d'argent dans un service public ou une entreprise privée où sa qualité de journaliste, ses influences, ses relations seraient susceptibles d'être exploitées", mais les conditions d'attribution de la carte de presse autorisent les journalistes à aller "faire des ménages" en dehors du métier de journaliste, du moment que ça ne dépasse pas 50% de leur revenu annuel. Crois-tu sincèrement que ceux qui proposent ces "ménages" à des journalistes ne le font pas précisément PARCEQU'ils sont journalistes ?

  • Lu dans le Canard enchaîné: Christine Okrent est bien embêtée à cause des "ménages" qu'elle a fait au Medef cet été. Ses collègues n'apprécient pas trop. Question déontologie, on repassera!

  • Et tu rappelles pas cette chronique d'une chanteuse pleine de talent (restée inconnue depuis) dans un grand journal du soir de référence, dont tout le métier savait parfaitement qu'elle était la compagne du journaleu.
    Lui est tjrs dans ce journal, ça ne gène pas grand monde la- bas non plus...

    Et pourquoi y'a t'il tant et tant de reportages tout l'hiver sur les stations de skis? (spécialité du service pudique...) Combien de français peuvent se payer le ski?

    Mais c'est rien à coté des autres... ce pays est une république bananière, pensez-y...

  • @Narvic

    Mais nous sommes d'accord... Je dis juste qu'il ne faut pas généraliser, et qu'on ne peut dire que la corruption est généralisée. c'est comme tous ces crétins qui répètent en boucle que tous les journalistes sont de droite, rien de plus idiot!

  • @le chafouin,

    D'accord avec toi! Le discours "tous pourri" n'a pas lieu d'être. Chaque pratique doit être envisagée individuellement, chaque cas est différent.

  • @Eric et Le Chaffouin

    Je suis d'accord avec votre avertissement : les généralisations sont parfois dangereuses. Mais il y a aussi parfois des situations qui se sont généralisées, et là, le niveau d'exigence éthique minimum dans la presse, pour les petites corruption au quotidien, me semble avoir baissé... d'une manière générale.

    C'est probablement à mesure de la prolétarisation de cette profession, qui a poussé plus ou moins tout le monde à chercher ailleurs une sorte de compensation à des revenus en baisse...

    Moralement, ce n'est guère défendable : tous les salariés vivent un tel déclassement ; et les journalistes tirent profit des petits avantages auxquels ils ont accès, et que les autres n'ont pas ! Entre "prolétaires" (tarif d'embauche d'un journaliste aujourd'hui 1200€), ça sonne tout de même comme des privilèges, d'autant plus insupportable que la situation de tous est mauvaise...

    Les généralisations du type "tous pourris" sont délétères, mais la tentation des journalistes de nier l'étendue du problème et de le cacher sous le tapis l'est aussi. Une opération "mains propres" à l'italienne n'est pas de refus selon moi. Et la démocratie italienne n'a toujours pas sombré de ses conséquences...

  • Fanette pointe quelque chose d'important concernant les médecins. Il faut savoir que la formation continue des médecins est entièrement payée par les labos, à travers différents mécanismes:

    Les journaux médicaux ne survivraient pas sans la pub, et leur pub, c'est les labos. Un seul journal, de très grande qualité est indemne de pub, c'es la revue Prescrire. Il suffit de comparer le prix de l'abonnement pour comprendre. Les hôpitaux y sont abonnés, mais les libéraux ne font que rarement cette dépense.

    L'Enseignement Post Universitaire, assuré par des médecins plus chevronnés en direction de leurs collègues, est possible grâce aux labos: la salle, le repas au restaurent, l'organisation. Même si le formateur est "libre", il se sentirait un peu gêné de faire de la peine en étant trop brutal au si gentil représentant du labo qui les accueille.

    Les congrès, colloques, c'est le même tabac. Il faut écouter les interventions avec la troisième oreille pour repérer que le chirurgien qui compare les mérites de tel et tel matériel dit en réalité "machin, c'est de la merde, et truc, faut qu'il améliore tel point". Faut reconnaître qu'ils sont assez adroits à ce jeu, que tout le monde comprend, mais c'est obligatoirement édulcoré.

    J'ai aussi entendu un médecin dire "Mon honorable collègue a omis de vous signaler qu'il est employé par les labos trucmuche", puis se défendre d'avoir porté la moindre accusation, c'était juste pour que les choses soient claires.

  • Je trouve improductif le "tous pourris" qui aboutit à nous dénoncer les uns les autres pour nous excuser nous-même. Il s'agit de mécanismes à démonter, la responsabilité individuelle existe certes et on peut (on doit) s'y soustraire individuellement, mais cela ne modifie en rien le problème, car alors le sale boulot sera fait par d'autres. Il se trouve toujours quelqu'un.

    Pour reprendre l'exemple des médecins, celui qui voudrait ne pas se compromettre devrait renoncer à se former. Un chirurgien qui ne se forme pas, c'est pas très déontologique non plus, et je te déconseille de le rencontrer le jour où on doit t'ouvrir le ventre...

  • @narvic,

    Une opération "mains propres" ça consisterait notamment à faire en sorte que la presse ne soit plus aux mains d'industriels qui vivent de contrats avec l'Etat. La est la racine du problème.


    @cultive ton jardin,

    "Je trouve improductif le "tous pourris" qui aboutit à nous dénoncer les uns les autres pour nous excuser nous-même. Il s'agit de mécanismes à démonter, la responsabilité individuelle existe certes et on peut (on doit) s'y soustraire individuellement, mais cela ne modifie en rien le problème, car alors le sale boulot sera fait par d'autres. Il se trouve toujours quelqu'un."

    D'accord avec toi!

  • @Narvic
    Je pense que la leçon de tout ça, c'ets que le sjournalistes ne s'interrogent pas assez surleur métier de façon collective. Le nez surle guidon...

    Ceci dit, je crois qu'il ne faut pas trop les blâmer. Chaque profession a ses petits avantages. Ok, là il y en a beaucoup. Mais c'est très français, je trouve, de profiter de tout ce qui se présente. Je crois que c'est aussi une quesiton de moralité, plus que de journalisme : Chacun est libre de refuser! Dans mon journal actuel, je n'ai jamais vu un seul épisode de ce genre, et c'est tant mieux. C'ets un canard où il y a beaucoup de jeunes, après de nombreuses clauses de session. Ceci explique peut-être cela.

  • Relisez "Les nouvelles censures, dans les coulisses de la manipulation de l'information" de Paul Moreira, un bouquin qui montre que le journalisme est dans un drole d'état, même aux USA.

  • Et finalement, après avoir dit tout ça, on se posera la question de l'absence de lecteurs et de la baisse de crédibilité de l'information.
    Ca doit bien avoir une cause ! :-)))

  • Heureusement, la presse de province compte encore quelques journalistes aussi compétents qu'intègres, avec une très haute idée de leur mission...

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